Presse

Pour en finir avec MOI

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30 novembre 2007

Radhouane El Meddeb, un jeune artiste tunisien, nous invite à partager des moments intimes d’expression corporelle, à travers son monologue personnel avec l’espace et le temps, dans une danse expérimentale sous l’intitulé : « Pour en finir avec moi ». Une création solo et dynamique qui veut refléter des états d’âme et transporter le spectateur dans un univers fragile et à priori restreint.

Formé à l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Tunis, Radhouane El Meddeb est consacré « jeune espoir du théâtre tunisien » en 1996 par la section Tunisie de l’Institut International de Théâtre. Il est recruté ensuite comme comédien dans le cadre de l’atelier de formation et de recherche du Théâtre National de Toulouse sous la direction de Jacques Rosner. Il commence à travailler avec les plus grands noms du théâtre tunisien et arabe, comme Fadhel Jaîbi, Taoufik Jebali ou Mohamed Driss. Il fait ses débuts au cinéma dans deux films de Férid Boughebir « Un été à la Goulette » et « Halfaouine, l’enfant des terrasses ». Plus récemment, il crée pour Montpellier Danse 2006 un nouveau solo intitulé « Hûwà, Ce lui ».Enfin en 2007, il fait partie de la distribution de « 1000 Départs de Muscle », dernière création d’Héla Fattoumi et Eric Lamoureux.
De quoi il s’agit?
Dans « Pour en finir avec moi » il est vraiment impossible de décrire ce qui se passe sur scène ni d’y retrouver une interprétation cohérente. L’artiste semble entrer dans une dimension qui constitue son monde à lui, mais qui demeure pour nous tout à fait étrange et abstraite. Muet tout au long de la représentation, El Meddeb communique avec le public qu’à travers son corps. l’expression faciale reste cependant plutôt neutre. Le corps devient ensuite l’objet de presque toutes les formes d’usage. Il se mouve, il saute, il se plie, il chute avec différentes vitesse et intensité. Mais le but c’est justement de voir au delà de la performance technique, la maîtrise, le muscle…
Raconter avec le corps, non plus la parole
La performance commence alors à interpeller plusieurs dimensions. Elle s’interroge par ce biais sur la relation entre le théâtre et la danse, le geste et la parole, la forme, la narration et l’espace. On assiste à une sorte de monologue du corps en mouvement. Une approche qui, bien que dépourvue de contexte particulier, traduit un rapport intimement émotionnel avec celui-ci. « Chacun y trouvera ce qu’il voudra. Je ne cherche pas à introduire des messages prédéfinis », explique l’artiste. « Je veux rompre avec la parole et revenir à un stade primaire de ce qui existait avant la parole. » El Meddeb se raconte sur scène d’une certaine manière. Il veut nous faire partager les aléas de son existence, l’errance, la souffrance et la jouissance qui l’accompagnent.
La danse – une expression de liberté
Bien que Radhouane El Meddeb n’ait pas rompu entièrement avec le théâtre, c’est néanmoins la danse qui représente pour lui un accomplissement artistique. « La danse c’est pour moi l’expression de la liberté, je me sens très libre quand je fais appel à mon corps pour m’exprimer », avoue l’artiste. Contrairement aux apparences, cette forme de danse contemporaine éprouve maintes difficultés. « Le spectacle est construit sur des états d’âme qui permet de retrouver une certaine qualité de mouvement. La fatigue et l’épuisement empêchent l’expression d’une émotion pure. On peut pas tricher. »

Piotr Czarzasty

MOUVEMENT

Juil-sept 2006

« Radhouane El Meddeb s’affirme « très heureux dans ce corps parfaitement assumé » et clame sa « joie de danser, depuis toujours, dans toutes les occasions de la vie sociale ». C’est aussi une grande facilité que, dans la communauté (réduite) des arts de la scène à Tunis, il a pu fréquenter les cercles chorégraphiques, sans surprendre ; y prendre des cours, et se rendre utile en dispensant son regard sur des projets de danse qui là-bas sont volontiers indexés sur l’expressivité théâtrale (ceux d’Imed Jemaa, par exemple). En fin de compte, il vante l’âge d’or d’une société qui a, certes, ses violences et raideurs conservatrices, mais les tempère d’une réelle générosité et d’une habileté à ne pas aller déranger ce qui est entendu comme secret. D’un autre côté – celui où souffle le vent d’intolérance -, il s’est « toujours su rester marginal ».

(…) « Le champ chorégraphique paraît tout d’abord un territoire d’emprunt, de conquête escarpée. La déterritorialisation stylistique qu’opère Radhouane El Meddeb ne saurait être totalement étranger aux jeux de miroirs biaisés que suscite sa circulation entre les deux territoires qui bordent les deux rives de la Méditerranée. »

Gérard Mayen, Pièces d’identités

TONIGHT

May 9, 2006

The dancer is a poet, proclaimed the chubby man with a passion to move. And he should know. Radhouane El Meddeb may look all wrong to be a professional dancer, but this Tunisian theatre artist imbued with wonderful choreographic insight, proves in his solo Pour en finir avec moi that aesthetic beauty and physical intelligence aren’t the preserve of the thin and the muscle-toned.
This moving performer is one of the many reasons why the Danse Afrique Danse festival was so challenging, provocative and fruitful.

Adrienne Sichel

DANSER n° 244

Juin 2005

Un bouleversant désir d’être
« On est d’abord frappé par la musique. C’est celle de Smoke, immortalisée par Sylvie Guillem. Mais qu’est-ce que ce garçon trop rond peut avoir à nous en dire ? Soudain, une tension des bras à l’horizontale sert de rappel et d’appel à partir, ou à se départir de ce que l’on croyait trouver là. Que se passe-t-il d’ailleurs sinon un acharnement à recomposer un tout qui s’appellerait corps et qui toujours échappe à la définition, que se passe-t-il sinon cette mise à nu d’un individu qui, par sa seule présence et son désir fou d’être, advient soudain « danseur ».
Pour en finir avec moi raconte donc au contraire une genèse, un commencement, l’histoire fragile qui dit que pour avoir un corps, il faut le faire et que pour être un corps, il faut l’oublier. Le contexte tunisien livre en sous-texte le courage qu’il aura sans doute fallu à Radhouane El Meddeb pour « en finir avec les préjugés » de toutes sortes. Bouleversante, émouvante, cette première pièce est un coup de maître. »

Agnès Izrine

LIBERATION

12 mai 2005

« (…) Décomplexé. Radhouane El Meddeb a réussi à se faufiler parmi ces jeunes endiablés. Venu du théâtre, ce comédien de 35 ans, un pied à Paris, l’autre à Tunis, s’est prudemment approché de la danse en collaborant avec des chorégraphes comme Nawel Skandrani ou Sofiène et Salma Ouissi.
La danse ne l’a pas raté, elle s’est emparée de son corps bedonnant, peu formaté pour elle (…)
On en a sûrement pas fini avec ce grand garçon rondouillet. »

Marie-Christine Vernay